Pondy chérie !

Publié le par Thibault

Pondy-oct-2007-067.JPGLe seul nom de feu nos cinq comptoirs des Indes françaises à avoir jamais eu l’honneur de nos mémoires, Pondichéry n’a jamais cessé de trouver écho en nos âmes nostalgiques des épices et parfums d’outre-mer. Eh bien je viens écrire aujourd’hui combien cette intuition est légitime, et quelle erreur serait une collective abstinence mémorielle face à nos glorieuses heures Indiennes, comme s’il fallait mêler Pondichéry, sous prétexte de territoire abandonné aux « natifs », à d’autres cieux méditerranéens ou indochinois plus douloureux…

Non, mille fois non. Pondy est une ville fière de ses pages françaises, et qui offre à nos yeux ébahis, habitués à l’Inde bruyante, un spectacle réjouissant. Peu de klaxons, et des trottoirs propres. Des boulangeries, une Alliance française magnifique, une population calme et accueillante, des panneaux de rues encore en langue française pour la « vieille ville » ou « Pondy la blanche ». Bref, après deux mois d’adaptation à une vie bien différente, je n’ai goûté qu’avec plus de joie aux spécificités locales.

Oui, mais Pondy est d’abord, bien qu’un peu particulière, une ville indienne. Ses rickshaws, ses odeurs, ses fleurs magnifiques, sa MG Road (Mahatma Gandhi Road), et ses… indiens. Et c’est bien ce qui est fantastique ! Pensez vous donc : j’arrive de Bangalore par le car (400KM, 9h de trajet…) à 3h30 du matin. Après quelques minutes de marche, je demande à un Indien mon chemin, tandis qu’il boit son premier café de la journée. Il est 4heures, Pondy s’éveille… Et l’homme de me répondre en un français impeccable (ayant décelé mon origine dans mon anglais, sans doute, quoique je ne voie vraiment pas comment…) : « La rue Suffren ? Alors tu prends tout droit, là, et tu trouveras c’est écrit. Bonne journée ! »

Mon cœur battait la chamade ; à peine arrivé j’étais amoureux ! Vous me direz, ce n’est qu’orgueil national flatté. Sans doute. J’assume, tant pis. La messe en français, dite tous les jours à 6h15 à ND des Anges, a fini de me combler… (Depuis deux mois, étrangement, je prends goût à la Messe en Français ;-)). Pour la petite histoire, la paroisse ND des Anges était desservie jusques il y a 15 jours par un prêtre des Missions Étrangères, et ce depuis plusieurs siècles. L’abbé Dusseigne, 80 ans, vient d’être remercié par l’Archevêque. L’État Indien n’accordant plus de Visas missionnaires depuis plusieurs années (Le BJP, parti fondamentaliste hindou, farouchement antichrétien et antimusulman, est au pouvoir dans quelques États indiens, et ne tolère aucun missionnaire), aucun prêtre français ne prendra la relève. Encore une page qui se tourne… Heureusement, Sainte Jeanne d’Arc veille, du haut de sa statue dos à la mer, sur la Paroisse et ses habitants !

Il ne faudrait pas pour autant n’aimer en Pondichéry que ce qu’il y a de souvenance coloniale. Sa jetée et sa digue, digne de celle du Val-André, est magnifique ; sa vie ecclésiale semble bien vivante, ses temples hindous très présents.

Et il ne faudrait pas occulter l’aspect moins réjouissant de Pondy : la moitié de la ville appartient à une sorte de secte, fondée par un hindou et une française (nommée la Mère), qui  sous prétexte de dépouillement spirituel pompe les richesses de tous ceux qui y rentrent et deviennent ainsi propriétaires de terres immenses et de tout un quartier. La plupart des européens croisés dans Pondy sont là pour l’Ashram, qui réunit une bonne cinquantaine de nationalités… Ils ont fondé une ville, « Auroville », petit paradis occidentalo-spirituel, qui ne semble ni plaire aux indiens locaux, pourtant  naturellement bienveillant vis-à-vis de ce qui élève l’âme, ni donner à ces mêmes indiens une très bonne image (drogue, déchéance, manque de tenue) des occidentaux… 

Mais bon.  J’ai eu la chance de découvrir cette ville sur la moto d’Édouard, la tête au vent, à 20km/h. Un paradis. J’ai surtout eu la chance d’avoir eu Édouard pour guide et compagnon, pendant ces trois jours, avec sa femme Alix, et ses parents qui m’ont accueilli chez eux, dans une belle maison du quartier français. Depuis de nombreuses générations, bien avant que ce fut proposé aux pondichériens qui le désiraient, les Condappa sont français, mais vivent à Pondichéry. Je crois que la pudeur d’Édouard aurait du mal à accepter que je parle de sa famille ici. Alors, quelques mots à son propos, juste pour que vous puissiez vous situer : je l’ai connu aux routiers-scouts d’Europe du clan de Paris. (Dans le dossier photo de Pondy, vous trouverez une photo de la Route 2003 en Terre Sainte, où j’ai pris avec Édouard mon Départ Routier sur le Mont des Béatitudes. On le voit derrière moi, à gauche.) Il s’est marié en mai dernier avec Alix de Loynes, que je connaissais via la communauté Saint Martin.  J’ai eu beaucoup de joie à les retrouver. J’ai eu aussi la surprise de découvrir Édouard chez lui, là où il a grandi jusqu’à son départ pour la France, pour sa prépa au Lycée Saint Louis. Et il m’a semblé bel et bien…Indien ! Édouard, tu dois rire en lisant ces lignes. Mais, comme l’Église qui vit de ses deux poumons, occidental et oriental, toi tu vis de tes deux poumons, indien et français. C’est assez fascinant, voire édifiant. Comme une bouffée d’air pur, une hymne à l’ouverture (non pas sarkozienne…), ouverture de l’esprit sur d’autres horizons ; une louange au Seigneur qui, par son esprit, nous fait frères avant d’être étrangers. Cet « article »et les remerciements dont il est porteur, cher Édouard, te sont particulièrement dédiés, toi qui a vécu à Paris les mêmes débuts tâtonnants que je vis ici à mon tour. Se déraciner pour prendre racine en Dieu… C’est que tu as si bien su faire ! J’ai donc un modèle d’adaptation, qui se rappelle à moi dès que la tentation de baisser les bras me guette… Merci !

Comme vous l’aurez compris aisément, mon escapade, due aux jours fériés locaux, fut autant l’occasion de découvrir une cité bien particulière que de retrouver des amis, qui ont eu la bonne idée de m’offrir deux saucissons pour fêter nos retrouvailles…

Ce petit séjour fut aussi l’occasion de me rendre avec les jeunes mariés à ND de la bonne Santé, ou ND de Velankanni, à 200km au sud, juste au Nord du Sri-Lanka, bord de mer dévasté par le récent Tsunami. C’est le grand pèlerinage Indien, lieu d’apparition et sorte de Lourdes du sous-continent. J’y ai porté les intentions que vous me donnez dans vos mails ou lettres, avec beaucoup de joie.

 

Dimanche 21 octobre, c’est le grand défilé de Dasara à Mysore, qui clôture 10 jours de fête. C’est le moment le plus important de l’année ici. (Ce le sera d’autant plus pour moi si la France gagne la finale de la Coupe du Monde…). Je devrais voir le fils du Maharadja sur un éléphant. Je vous raconterai, il parait que c’est fantastique ! Puis après, ce sont les vacances scolaires jusqu’au 15 décembre… Je vous dirai ce que je ferai dans mon prochain article, tout n’est pas encore fixé avec mon directeur spirituel et le supérieur local des MEP. Mais c’est bien la première fois que je ne me réjouis pas d’être en vacances ! Moi qui commençais à prendre mes marques !

Ici Mysore, temps clair et dégagé. Moral au beau fixe. Terminé. A vous.

 

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L
salut<br /> je voi que vous allez bien <br /> jvoulé vs dire que pr la coupe du monde c raté lol<br /> mais on peut gagné la 3eme place!<br /> a+<br /> laetitia
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B
Mon bon Thib;<br /> <br /> Que de bonnes nouvelles! Tes récits sont toujours aussi magique et sympa à lire<br /> La vie parisienne continue c'est le boulot et tout le reste, mais ça tu connais. ces jours-ci tu recevra un mail perso te donnant plus de news<br /> Garde la Sainte Pêche, ravi de te voir toujours heureux<br /> Bertrand
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J
Salut Thibault, <br /> Ah, qu'il fait plaisir d'entendre autant de joie dans tes propos. <br /> Ici le climat est bcp plus belliqueux, notamment depuis la cuisante humiliation infligée par les britishs samedi soir au SDF.... Mais je n'en rajoute pas à ce sujet, tu dois être aussi déçu que moi. <br /> Je t'annonce par la même la fiin de mes travaux à Montmartre, je vais pouvoir (enfin) emménager très rapidement. Pour le crémaillière c'est raté, par contre je te garde un peu de champagn, et tu as les amitié de tout le monde ici, je ne te fais pas la liste, mais coach arrive en tête. <br /> Voila voila, pour moi c'est le pérou en décembre avec marina et sa meilleure amie, là aussi de belle choses en perspective. <br /> Je te laisse pour retourner au travail, mais qui sera égayé par tes descriptions savoureuses!<br /> A plus<br /> Julien
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W
c'est extradordinaire comme vie mon cher Thib ! je t'envie réellemnt, moi qui des USA, vit une toute autre vie. excellente aussi cette histoire avec ton pote Edouard.<br /> bon courage pour la suite, visite, visite, profites-en, et n'oublie pas de prier pour nous !
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V
salut thibo<br /> alors a se que je voit tu es en pleine forme <br /> c'est toujour un plaisir immense de te lire <br /> je t'assure de mes prières<br /> bonne continuation<br /> véral
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