Sonne le Gong!
Quelques news tout de même, depuis le temps… En fait, puisque le corps de mes journées est le même depuis le début, je m’en vais vous conter deux expériences assez originales.
D’abord, une anecdote facétieuse, assez révélatrice de l’état d’esprit des indiens face au « french teacher ». Un jeune pré-professeur, terminant ses études et se préparant à enseigner la biochimie au « College », vit au Boys hostel tout comme moi. Nous sympathisons assez rapidement, il s’appelle Charles. Assez flatté au début, je m’agace au bout de quelques semaines du fait qu’il m’appelle « sir », comme tout le monde ici (sauf les bonnes sœurs et quelques cathos qui m’appellent « brother », allez savoir pourquoi !). Je tente donc une sortie lors d’un repas que j’ai la joie de partager avec lui : « Tu sais, Charles, on a le même âge. Tu es bientôt prof. Tu peux m’appeler Thibault. D’ailleurs, je te le demande. » Il me répond illico « I can’t, sir ! ». « Why? ». « Because you’re professor! ». Je lui fais remarquer qu’il le sera dans quelques mois, et puis qu’on est entre nous. Alors il me sort, sans sourciller : « but you are french ! ». Rien à faire. Voilà. Je suis français, alors il faut m’appeler « sir ». C’est un peu comme si un de vos potes vous vouvoyait. Mais on se fait à tout ici. D’ailleurs, pour continuer le tableau, je dirai que c’est la même chose de la part des étudiants, qui eux aussi ont à peu de chose près passé la vingtaine. Devant vous, ils seront très polis, voir obséquieux, et dans votre dos… par exemple, ils n’ont aucune mauvaise conscience, le jour où ils ont la flemme de descendre jusqu’aux latrines en pleine nuit, de venir uriner sur le mur à 50 cm de votre porte… Deux fois, en un mois, déjà. Je ne me fais pas encore à toutes les habitudes culturelles locales.
Il me faut aussi vous raconter mes deux expéditions de ce premiers mois, lequel a vu allouer au corps professoral rien moins que… 8 jours fériés. Bonne occasion pour découvrir un peu le coin. Il y a deux semaines, je suis parti avec Henry de Waziers (rentré à Paris depuis…Henry, si tu me lis ! Que de bons souvenirs !) voir une « réserve » de réfugiés tibétains, a trois heures de bus (70 km…) de Mysore. Ayant fuit l’invasion chinoise de 1959 (la date n’est pas certaine), ils sont venus par milliers en Inde. Dans le village de Sera, où nous sommes allés et dont fûmes éjectés par la police indienne (eux, je les déteste vraiment ! Je ferai aussi un article spécial sur ces rois de la corruption !), et dans la campagne environnante, pas moins de 50 .000 tibétains se sont installés. Des panneaux « Boycott chinese products » s’étalent sous les arbres le long des routes, tous les rickshaw sont monopolisés par des moines bouddhistes (ils sont plusieurs milliers). Dans les environs, une petite dizaine de temples bouddhistes, et ce dans moins de 20 km². Nous sommes entrés dans plusieurs temples, dont le « Golden Temple », à l’intérieur duquel se dresse un Bouddha maculé d’or de 18m de haut… Nous avons été très bien accueillis par les moines, et en général par les tibétains. Leurs restaurants sont…bons ! Quel plaisir !
Et, dans ce Golden Temple, nous avons assisté à un office, très impressionnant. Un peu mal au crâne en sortant, tout de même. C’est pas tout à fait du grégorien… Une vidéo vous y fera tremper les lèvres, quand je parviendrai de nouveau a en inserer...
Une dernière ligne pour vous faire goûter à cette perle d’un devoir corrigé il ya quelques semaines, qui demandait à l’étudiant de se présenter : « Quand je est loisirs, je aimer fumer beaucoup, boire et regarder films américains. Dormir aussi. C’est tout. Merci ». Vous constaterez que les jeunesses de toutes nations se ressemblent. Mais celle de mes contrées tropicales a le mérite, si non celui de l’élocution et de la grammaire française, au moins de la franchise…